Le Prieuré de Saint-Foulc
Aujourd'hui, lorsqu'on vient de Carcassonne, on peut voir cette imposante construction, de près de 18 mètres de hauteur et communément appelé le Pigeonnier de Cazaban. En fait, c'est le clocher d'un ancien prieuré, dont il est fait mention dans les textes anciens. Lors de fouilles récentes, ont été mises à jour les fondations de l'église attenante, à une abside et deux absidioles 9 . Composé d'un rez de-chaussée et d'une salle au premier étage voutés en berceau, le bâtiment abrite au deuxième étage des voûtes percées permettant certainement le passage des cloches. Les premières traces de cet édifice religieux remonteraient au XIe siècle, mais il est certain qu’en 1296 Guillaume de Villeneuve, seigneur de Palaja, institue un chapelain en l'église de Sainte-Marie de Saint-Foulc afin d'y célébrer les offices pour son âme. Les chapelains furent nommés jusqu'à la Révolution bien que l'édifice fut en ruines depuis longtemps. Le curé de Palaja écrivait ainsi en 1759 : il y a deux prieurés l'un de Sainte-Eulalie, l'autre dit Saint-Foulc, divisés en deux titres, qui nomment un chapelain pour faire le service. Il y avait autrefois deux chapelles pour le service de chaque prieuré, mais elles ne subsistent plus, hormis les ruines de celle de Saint-Foulc.
Dans ce XIVe siècle tourmenté, Palaja voit sa population lourdement diminuer passant de 29 feux en 1366 à 11 feux à 1377. Après la peste noire de 1348, une autre épidémie de peste ravage la région autour de Carcassonne entre 1370 et 1377. Saint-Hilaire, par exemple, voit sa population diminuer autour de 20 feux. Malgré les pertes humaines importantes, on n'abandonne pas les cultures, indispensables pour la subsistance quotidienne. On cultive trois sortes de céréales (le froment, l'araou ou seigle et l'orge) et la vigne n'est que peu présente. L'agriculture pastorale des porcs, des moutons et des chèvres devaient permettre de subvenir aux besoins alimentaires. La cire, issue des ruches, occupait une place importante et on en faisait don, pour le salut de son âme, aux lieux de cultes ou à des œuvres pieuses. Raimond de Villeneuve hérita des biens de son père et succéda à son frère à Palaja. Coseigneur de Palaja, ayant des biens à Montirat, à Villars en Val et à Monze, il est chargé en 1360, en pleine guerre de Cent Ans, de recueillir des fonds pour la rançon de Jean II le Bon, le Roi de France prisonnier des Anglais depuis la bataille de Poitiers en 1356. Cette famille, faute d'héritier mâle, s'éteindra après le XIVe siècle, mais la seigneurie de Palaja demeura. Des membres de ces familles successives entrèrent dans les ordres religieux (Bertrand de Palaja, abbé de Montolieu ou Antoinette, et Geraude de Palaja abbesses de Rieunettes au XVIe siècle). Durant les guerres de Religion, Palaja fut pour une très courte période (mars à juin 1575) aux mains des Huguenots ou Protestants. Le Gouverneur de la Cité, Laviston, reprit le château sans combattre. C'est à cette époque que le château fut démantelé et sa garnison supprimée. Lors des fêtes de Noël, la communauté élisait 2 consuls pour l'année à venir, ils n'avaient que le pouvoir de police, les justices étant dévolues aux seigneurs. La seigneurie de Palaja était partagée, à une certaine époque, entre plusieurs coseigneurs. Le dernier fut le Sieur Desperronat, par son mariage avec la fille de Jean Pruel, seigneur de Palaja. On apprend qu'en 1629 une maladie contagieuse frappa le village qui fut déserté pour un temps. À la veille de la Révolution, Palaja compte 250 habitants et demande avec force que le compoix du territoire soit renouvelé. Celui de 1740 était bien trop annoté. Le compoix de 1788 figure aujourd'hui en bonne place dans les archives municipales et servit de plan cadastral jusqu'à la mise en place du cadastre napoléonien. Ce n'est qu'en 1784 que l'on construisit le pont sur le ruisseau de Saint Foulc sur la route de Carcassonne. Cela coûta 1210 livres, 7 sous et 11 deniers.